Le tribunal condamne le «système» mis en place par Quebecor pendant le lock-out de 16 mois au Journal de Québec
15 décembre 2008
Quebecor a été trouvée coupable davoir violé
les dispositions du Code du
travail dans le conflit au Journal de Québec. Et le Journal de Québec a continué dêtre
publié pendant le lock-out grâce au concours dau moins une
douzaine de scabs. Sans
équivoque aucune, la Commission des relations du travail (CRT)
estime que Quebecor/Sun Media a contrevenu à la loi en utilisant
des travailleurs illégaux. La CRT conclut quil y a eu «une simple substitution des
travailleurs». Elle ajoute que cest grâce au soutien de la
«famille» qu«on a créé de toutes pièces un système pour
que le travail des journalistes continue dêtre effectué».
«Toute cette structure,
écrit encore la CRT, a été mise
en place très rapidement, dès le début du lock-out, pour répondre
aux besoins de production du Journal qui a ainsi pu être publié
tout au long du conflit, malgré labsence des journalistes
syndiqués.» Au total, la commission identifie formellement
12 personnes et cinq entreprises qui ont contribué au «système» mis en place.
Quebecor
déloyale et illégale
Le directeur québécois du Syndicat canadien de la fonction publique
(SCFP-FTQ) et vice-président de la FTQ, Michel Poirier, se réjouit
de la décision de la CRT mais reste indigné du comportement des
dirigeants de Quebecor. «Quand
les travailleurs du Journal de Québec ont commencé à publier
le MédiaMatinQuébec, Quebecor nous a accusés dêtre déloyal. Cest
assez ironique de voir aujourdhui que Quebecor a été non seulement
déloyal avec ses employés mais illégal en embauchant des scabs pour
remplacer les journalistes, photographes et messagers du
Journal. De la part du grand
Pierre Karl Péladeau, cest assez cheap, mais ce nest pas étonnnant.»
Une armée de scabs
Denis Bolduc, porte-parole de tous les employés syndiqués du
Journal de Québec, a
résumé ainsi la décision de la CRT. «Ceux qui pensent que Quebecor a publié son
journal seulement avec ses cadres ont maintenant la preuve que
cest faux! En fait, cest une armée de scabs qui a été réquisitionnée pendant le conflit.
La CRT ne nomme que 12 personnes, a-t-il indiqué,
mais ce nest que la pointe de
liceberg. Il y en avaient encore dautres. Nous en avons épinglé
une douzaine. Cétait amplement suffisant pour faire notre preuve,
mais, dans les faits, ce sont plusieurs dizaines de scabs que
le Journal de Québec a
illégalement utilisés.»
Denis Bolduc estime que le jugement de la CRT revêt une importance
capitale alors que se déroulent présentement des négociations au
Journal de Montréal où
journalistes et employés sattendent à être mis en lock-out dici
peu. «Ce jugement vient donner un
bon coup de main à nos collègues du Journal de Montréal.
À la veille de Noël,
a-t-il tenu à dire, cest
sûrement le plus beau cadeau que nous pouvons leur faire» en
profitant au passage pour remercier tous les groupes des syndiqués
et le SCFP qui ont soutenu les 252 victimes de Quebecor pendant ce
long conflit de 16 mois.
La notion détablissement
Me Yves Morin considère quen rendant cette décision, la
commissaire Myriam Bédard marque une étape importante dans
lévolution du droit du travail. Ce jugement vient notamment
préciser la notion détablissement. Il ne faut pas comprendre
létablissement comme un édifice de «briques et pierres» ce que Quebecor
plaidait. La commissaire écrit que «le moyen le plus approprié, sinon le seul
moyen, de déterminer ce quest l«établissement»,
est de comparer le fonctionnement
de la rédaction du Journal avant et après le début du lock-out : le
même travail est-il effectué?» Dans le cas des personnes qui
remplaçaient les employés syndiqués, la commissaire précise quils
«ne travaillent pas
«ailleurs» que ne le faisaient
les journalistes et photographes du Journal avant le conflit.»
Les scabs nommément identifiés par la CRT sont: Dominic Salgado,
Bernard Plante, Geneviève Riel-Roberge, Hubert Lapointe, Marc-André
Boivin, Reine May Crescence, Mélanie Tremblay, Antoine Leclair,
Geneviève Larivière, Pierre Gauthier et Yann Perron, Nathalie
Bissonnette (comme entrepreneur). Les cinq entreprises sont :
Ferron Communications, Canoë, Agence Nomade, Keystone et Côté Tonic
Inc.
Rappelons que le lock-out au Journal de Québec a été le plus long
conflit de travail à survenir dans un quotidien de la langue
française au Canada. En 13 ans, de 1994 à 2007, pas moins de 12
lock-out ont été décrétés par Quebecor contre ses employés, tous
sous la gouverne du grand patron actuel Pierre Karl Péladeau.
Ce que les médias en ont
rapporté
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externes.
Radio-Canada
Quebecor Média est blâmé
La Presse canadienne
Journal de Québec: La Commission des relations du
travail blâme Quebecor
Cyberpresse (Le Soleil)
Le Journal de
Québec blamé d’avoir utilisé des briseurs de grève
Matin.qc.ca
Quebecor blâmé pour le conflit au Journal de
Québec: le syndicat satisfait